« PFH »
Ou « putain de facteur humain »… Tout un programme. Pfff (ça, c’est juste un soupir)…
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Cet indicateur déjoue tous les pronostics, les études les plus sérieuses et bat en brèche les théories des experts mondiaux dans leurs conférences. Il est utilisé par les Québécois, et Hubert Reeves l’a remis au goût du jour pour expliquer notre incapacité à passer de ce que l’on sait à ce que cela implique. C’est le « putain de facteur humain ». Dans une revue laitière française qui prône l’intensification et la robotisation, on lit un reportage sur une étable américaine : 140 VL à 45 litres par vache, deux robots. Objectif : 60 litres par logettes, donc 104 logettes, et 90 places au cornadis pour 140 laitières. Merci le bien-être animal ! La seule vache à l’extérieur est une réplique en plastique à l’entrée de la ferme. Chez le voisin, 320 VL et 258 logettes. C’est ça, l’avenir, coco !
Les producteurs hollandais ont organisé des manifestations monstres pour défendre leur agriculture mise à mal par les consommateurs. Un député propose de diviser par deux les cheptels bovins, porcins et la volaille pour respecter les seuils de rejet d’ammoniac et autres gaz. Production multipliée par deux en très peu de temps, dérogation des 270 unités d’azote à l’hectare, scandale des vaches transformées en génisses et fraude aux plans d’épandage qui va avec, projets de mégaporcheries à étage… En Allemagne du Nord, les cours d’eau dépassent allègrement les 50 milligrammes de nitrate. En Nouvelle-Zélande, l’intensification forcenée plombe les rivières. À force de brader ses produits sur le marché mondial, Fonterra est, pour la deuxième année consécutive, déficitaire de 800 millions de dollars NZ. Un Français qui gère là-bas 4 500 vaches va construire des stabulations pour désaisonnaliser la production, donc faire des stocks. Bienvenue dans le monde des coûts de production élevés. On pourrait se réjouir des difficultés de nos concurrents et néanmoins collègues qui, depuis des années, nous taillent des croupières en matière d’intensification et de parts de marché. Putain de facteur humain, qui nous pousse à croire qu’il n’y a de salut que dans le « toujours plus », encouragé par un système qui en profite. Nos fournisseurs ne se privent pas de nous facturer les augmentations quand nos produits se vendent au même prix qu’il y a trente ans.
Putain de facteur humain, qui nous encourage à croire ce qui nous arrange, depuis les climatosceptiques jusqu’aux créationnistes, en passant par les véganes qui prônent une nouvelle religion écologique sans animaux. Mais ce PFH peut aussi se comprendre de manière positive si nous acceptons le changement et que nous nous y adaptons avant nos concurrents, soutenus par les consommateurs et les politiques. En Bretagne, nous avons été confrontés au défi de la qualité de l’eau avant tout le monde et sommes en train de le gagner : les nitrates baissent, les saumons reviennent, même s’il reste encore beaucoup à faire. Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement.
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